
#Lesaviezvous #2 : Gaston Habrekorn au Ba-ta-clan
une histoire de famille

Au centre de la photo, chapeau haut de forme, Gaston Habrekorn circa 1908 au Bataclan. © DR / Habrekorn
Au Ba-ta-clan, il s’entoure des plus talentueux artistes de tous les cafés-concerts de Paris. Après une ouverture orchestrale, une vingtaine d’interprètes, dont quelques débutants, chantaient une cinquantaine de chansons. La seconde partie du spectacle était faite d’une attraction souvent internationale (danse, pantomime, acrobaties, etc.) Suivait un opéra-comique, une opérette, un vaudeville ou un drame en un acte où on retrouvait les vedettes maison (Hervé, Dora, Montaubry, Paula Brébion, Ménotti, Yvain, Carmen Gilbert, etc.). Les matinées du jeudi étaient réservées aux familles (1 franc consommation comprise) et les vendredis aux soirées classiques. Mais c’est surtout pour les revues que le tout Paris accourut : En attendant la Revue, Faut voir ça ! ou Chanteclair, entre autres, eurent plus de deux-cents représentations. Les revues en deux actes se composaient d’une trentaine de « tableaux vivants » s’inspirant de scènes mythologiques, historiques ou de peintures de maîtres. Elles permirent à Gaston Habrekorn de réaliser en grand ce qu’il avait expérimenté sur la modeste scène du Divan Japonais : mettre en lumière de jolies femmes déshabillées, c’est-à-dire à l’époque en maillots couleur chaire.

© Musée Carnavalet / Roger-Viollet
Fort de ce succès, dès 1908, il acquérait les murs du Ba-ta-clan qui appartiennent encore aujourd’hui à ses descendants. Peu après, il fermait six mois pour effectuer de gros travaux : modernisation, changement du mobilier, nouvelles loges, agrandissement de la scène, modification des fenêtres et des décors de façade.

Gaston Habrekorn, coiffé d’un canotier devant la façade du Bataclan, au printemps 1908. © DR / Habrekorn
Cependant, alors que la nouvelle salle a retrouvé son public, on apprend durant l’été 1910 que Gaston Habrekorn a cédé le fond de commerce à la costumière Bénédicte Rasimi. Peu après, il fait le projet de fonder un théâtre avec son ami Tristan Bernard, veut remonter Chanteclair au Moulin Rouge. En 1914, il est candidat à la direction vacante de l’Odéon ; puis entame des négociations pour le rachat des Éldorados de Nice et de Marseilles, postule tour à tour à la direction du Chatelet, des Variétés, de la Gaité Lyrique. Mais il meurt à cinquante sans avoir pu retrouver une salle. Il laisse nombre de vaudevilles, de drames, L’art de bien dire et Les Sacrilèges (pamphlet contre les gens de robe du Palais). Et encore près de huit cents chansons créées au Divan Japonais, au Ba-ta-clan et sur la plupart des scènes des cafés-concerts par les plus grandes vedettes de l’époque : Yvette Guilbert, Dranem, Yvain, Mazeltoff, Paula Brébion, Polaire, Sulbac, Polin, Giétier, Flavy d’Orange…
Propos rédigés par Daniel Habrekorn