
Le Bataclan devient le temple du Muay Thai,
le temps d’un weekend
Blue corner, la salle est plongée dans le noir, seul le boxeur est éclairé à mesure qu’il avance dans l’allée du Bataclan. Ses supporters venus en nombre, crient son nom pour signifier leur soutient à leur champion. Red corner, au tour de son adversaire de s’avancer dans sa propre allée à l’annonce de son nom par le speaker. Les deux combattants, appelés également Nak Muay, se saluent en se touchant les gants, au signe de l’arbitre le combat peut commencer. Premier round, deuxième round, troisième round, les boxeurs enchaînent leurs techniques d’attaque. Poings, pieds, genoux, coudes, esquives, blocages… toutes les parties du corps sont sollicitées. La supériorité physique de certains combattants se fait particulièrement sentir lorsque le match est plié par un K.O. dès le premier round. Le public en redemande, la chaleur et les odeurs de baume du tigre enveloppent de plus en plus le Bataclan.

L’Ambassadeur du Royaume de Thaïlande en France lui-même avait fait le déplacement pour assister à cette compétition de haut niveau. Fleuron de la culture et du sport Thaïlandais, le Muay Thai tient un place importante dans le coeur des habitants du Royaume. Sur le ring, S.E Sarun Charoensuwan a tenu à saluer et féliciter en français tous les combatants qui faisaient honneur ce soir-là, à la culture ancestrale de son pays.
Couronne et danse, les rituels du Muay Thai
Habillés aux couleurs de leur pays pour certains, la plupart des Nak Muay portent également le Mongkon. Cette couronne traditionnelle prend la forme d’un bandeau prolongé d’une queue. Cet objet sacré et béni par un prêtre Bouddhiste, renferme traditionnellement des lettres et symboles inscrits sur une feuille de cuivre, roulés et liés avec du fil par le maître. Lorsqu’un boxeur le porte avant de monter sur le ring, cela signifie qu’il ne combattra pas uniquement pour lui mais pour l’ensemble de son camp. D’ailleurs, le boxeur ne touche pas au Mongkon, c’est son entraîneur qui lui met et lui enlève.

Quand vient le moment du combat phare entre le Réunionnais Jérémy Payet et le Thaïlandais Rit Nattakit, ce dernier exécute en préambule et sur le ring la danse du Ram Muay. Part importante de la préparation mentale, cette danse rituelle débute dans chaque coin du ring par une prière. Ensuite, le Nak Muay se place face au sol et exécute des mouvements lents et circulaires avant de poursuivre à genoux. Chaque danse est propre à l’école à laquelle appartient le boxeur. Puis, une fois debout, Rit Nattakit se place dans son coin et baisse la tête pour prier devant son professeur qui, lui aussi, prie pour obtenir la victoire.